sábado, 19 de diciembre de 2009

L'absurdité au théâtre

Pour le nouveau théâtre qui surgit en Europe aux années 50, étiqueté comme absurde, la question du langage n’est plus la question de la communication avec autrui par l’intermédiaire du moi. Or si pour Ionesco « tout est langage au théâtre », il convient alors de se demander, quel est le rôle du langage dans ce nouveau théâtre ? Pour répondre à cette question, je me propose, d’abord, de définir la notion philosophique du langage et par la suite analyser qu’est-ce qui est langage dans ce nouveau théâtre.




Si comme Rousseau l’expose au débout de son Essai sur l’origine des langues , communiquer nos idées et sentiments est une possibilité naturelle propre à l’homme et le langage le principal moyen pour ce fin. Le langage exerce donc un rôle caractéristique dans un ensemble d’expression et de communication lié à la pensée spécifiquement humaine. C’est un accord de signes sensibles choisis arbitrairement pour exprimer notre pensée ou nos sentiments. S’il est donc un pôle d’un même dispositif, le cerveau, alors, sa crise entraîne une phase grave non seulement dans l’évolution de la communication mais aussi dans la pensée.

En effet, le théâtre de Ionesco et Beckett refuse de faire passer un message qui puisse être reçu ou compris par l’entendement. Les répétitions du langage, les énumérations, les calembours, les cacophonies ou les jeux de sonorités contribuent à produire, chez le lecteur et le spectateur, un mépris qui incite à rire et à se moquer des personnages clochards comme Vladimir et Estragon, des automates vides comme les Smith ou des vieux gâteux comme les personnages des Chaises. Toutefois on peut oser faire des analyses sur ce que le nouveau théâtre remet en cause -l’humanité toute entière -; et ainsi interroger les pièces des dramaturges pour en saisir un vouloir dire.

À propos de La Cantatrice Chauve, Martin Esslin explique que Ionesco écrivit cette pièce après avoir lu un manuel d’anglais dans lequel il découvrit des « vérités surprenantes, par exemple, qu’il y a sept jours dans la semaine…. que le plancher est en bas, le plafond en haut ». Dans cette pièce les conversations ont une logique dérisoire ; par exemple, après plusieurs déductions des « axiomes élémentaires » Mr et Mme Smith se rendent compte qu’ils sont mariés . On peut, sur ce point, de même, se rappeler de Rhinocéros et les syllogismes absurdes du logicien qui arrivait à conclure qu’un chat était un chien ; la logique pure, comme dit le vieux de Les Chaises, « n’existe pas… c’est de l’imitation ».

En outre, les catégories dramaturgiques et les procédés rhétoriques, « que des siècles de pratique avaient portés à une sorte de perfection », c'est-à-dire, l’ensemble des événements qui forment l’essentiel de la narration théâtrale, sont remplacés par des « répétitions, d’énumérations, de proverbes truqués, des jeux de sonorité, d’enchaînements absurdes de calembours ». On a, par exemple, dans la première (p.21-22) scène de la cantatrice chauve, que la répétition du nom Bobby Watson dénonce d’un part la ruine de la communication parce que , et d’autre, revalorise le rythme comme acte de communication grâce aux sonorités répétées. Ionesco montre qu’en réduisant et divisant le langage en fines particules sonores ou en faisant une succession des sons désagréables dans les paroles, la fiction et les personnages se manifestent brusquement et violemment. Ionesco utilise donc la sonorité dérisoire des paroles pour provoquer et choquer le spectateur. Par exemple, les sonorités à la fin de la pièce, ou tous parlent ou plutôt font semblant de parler, révèlent qu’il n’y a pas une structure dans la pensée des personnages, il n’y a pas un voluoir-dire. : « M.Smith : Kakatoes, kakatoes, kakatoes, kakatoes, kakatoes, kakatoes, kakatoes, kakatoes, kakatoes. Mme. Smith : Quelle cacade, quelle cacade, quelle cacade… M. Martin Quelle cascade de cacades, quelle cascade de cacades…. ». Dans Les chaises, sur ce point, apparaît un Orateur qui chargé de communiquer le message du vieux prononce que des sons gutturaux : « Ju, gou, hou, hou. Heu, heu, gu, gou, gueu. » La contradiction, un orateur muet, manifeste donc l’échec de la parole, même si la vieille soutient le contraire : « C’est en parlant qu’on trouve les idées, les mots et puis nous, dans nos propres mots, la ville aussi, le jardin, on retrouve peut-être tout, on n’est plus orphelin » Pour montrer derechef la nullité de la parole, c’est-à-dire son inefficacité pour transmettre la pensée on peut lire les incohérences prononcées par le vieux selon une construction par juxtaposition sans mots des liaisons pour indiquer une structure, voire un rapport entre les phrases : « Je ne suis pas comme les autres, j’ai un idéal dans la vie. Je suis peut-être doué, comme tu dis, j’ai du talent, mais je n’ai pas la facilité. J’ai bien accompli mon office de maréchal de logis, j’ai toujours été à l’hauteur de la situation, honorablement

À propos des énumérations, plusieurs exemples apparaissent dans Les Chaises

Or si l’on considère, d’une part, que le langage est un instrument pour assimiler la culture de notre groupe, c'est-à-dire un système culturel pour apprendre les autres, et, d’autre part, que « les limites de mon langage signifient les limites de mon monde », alors, avec ce mélange confus des voix et la ruine de la communication, Ionesco remet en cause les limites de l’humanité qui est donc condamnée à perdre son identité comme espèce, c'est-à-dire, sa culture et son histoire.

Par la suite, dans cette pièce, que Ionesco définit comme « une tragédie du langage », le langage théâtral s’amplifie non pas avec les conversations des personnages que, comme on à déjà vu, n’ont pas une essence à saisir par le spectateur, mais grâce au décor ou aux objets que, malgré la contradiction, on ne peut pas voir dans une mise en scène ; comment représenter, par exemple, une soirée anglaise, des fauteuils anglais, une pipe anglaise, voire, un feu anglais, si ce n’est que par le langage écrit. Les didascalies, de même, avec ces nouveaux dramaturges, jouent un rôle essentiel pour amplifier le langage théâtral. À la scène IV, on lit, par exemple : « (le dialogue qui suit doit être dit d’une voix traînante, monotone, un peu chantante, nullement nuancée)». Or le dialogue, par la suite, fait connaître que les Smith sont mariés ; pour accentuer la tragédie heureuse qu’une telle surprise suscite, Ionesco explique comment doit être la voix que l’acteur doit élire. Il s’agit des sons lents et prolongés sans variations dans la tonalité et sans couleur. Or si la voix est dépositaire du sens, alors les paroles, proprement dites, devraient, dans ce cas, communiquer un sentiment tragique des personnages voire de l’humanité, c’est à nouveau la dérision !

D’autres didascalies remarquables apparaissent dans Oh les beaux jours. Winnie qui, au débout, est enterrée jusqu'aux seins, puis jusqu'au cou dans un mamelon de terre aride, se trouve de nombreuses occupations proprement expliqués dans les didascalies. On sait ainsi qu’elle essuie ses lunettes, se brosse les dents, se coiffe, met et enlève sa toque ; et tout cela, malgré sa condition. Les nombreuses indications scéniques et les réflexions, métaphysiques parfois, de Winnie servent non seulement à meubler plus ou moins son existence, mais aussi a donner un temps à ses actions, un temps déjà calculé: « Une prière inaudible, remue ses lèvres, cinq seconds ». Toutefois les didascalies ne sont pas seulement des simples indications pour le metteur en scène et l’acteur, elles forment partie du discours théâtral, du texte, voire de la narration parce qu’elles fonctionnent comme des indices. On peut par exemple lire la dernière page de En attendant Godot : « Vladimir.- Allons, on y va ? Estragon.- Allons-y. Ils ne bougent pas » Bref, elles dialoguent avec les paroles des personnages.

Tout de même, comme on verra, l’acteur doit tenir compte des didascalies et les traduire parfois littéralement comme dans Oh les beaux jours ou parfois en explicitant comme dans La leçon.



Par ailleurs, La leçon est un ensemble construit selon une suite déterminée et limitée de plusieurs états de conscience et de situations qui se nouent pour après se dénouer ou pour « finir dans un inextricable insoutenable ». Ce drame comique ne possède plus les particularités classiques de l’action théâtrale comme « l’intrigue, les traits accidentels des personnages, leurs noms, leur appartenance sociale, leur cadre historique, les raisons apparentes du conflit dramatique, voire toutes justifications, toutes explications, toute la logique du conflit ». Ce nouveau langage théâtral, en opposition au langage classique de la bienséance ou des conformités morales et vraisemblables, provoque, comme on verra par la suite, une régression des personnages à l’ordre purement organique et pulsionnel selon une construction à plusieurs mouvements qu’on pourrait comparer à une symphonie. D’abord, l’élève arrive chez le professeur et est reçue par la bonne ; les salutations pertinentes et les encouragements du professeur envers l’élève conduisent au second mouvement : la leçon d’arithmétique. La première indication scénique sert pour montrer que la scène, après le lever du rideau sera vide « assez longtemps », et, avant d’être habité par les personnages, une son et la voix de la bonne commenceront. Dans cette ouverture, où, d’abord, le spectateur est face au décor et dois alors le lire, le metteur en scène devra tenir compte des sonorités expliquées par l’auteur du fait qu’elles dramatisent l’action. Une autre didascalie qui, dans le texte, est placé après les premières paroles du professeur, explique comment devra être la tenue de l’élève et du professeur tout au long de la pièce. On sait ainsi que l’élève, au débout gaie et souriante, deviendra, au cours du drame, triste, morose et montrant une figure nerveuse. Le professeur, au contraire, laissera sa timidité pour devenir dominateur, agressif, plus nerveux et assassin. On a donc que cette didascalie indique, d’une part, au lecteur, la métamorphose des personnages qui, d’ailleurs, s’accentuera non seulement avec les soliloques d’un dément logique et les répliques monotones d’une élève, mais aussi avec les contradictions du caractère des personnages ; d’autre part, elle explique le langage gestuelle que les acteurs doivent suivre afin de traduire cette métamorphose. Or si, le geste pour Ionesco permet de « matérialiser des angoisses, des présences intérieures », c’est donc une traduction visuelle des images verbales, une traduction en images scéniques. Par exemple, l’acteur doit traduire les lueurs lubriques des yeux du professeur qui deviendront des flammes dévorantes. Pour cela, d’abord, il lit l’indication et, après, la décode afin que le spectateur puisse recevoir le message qui ne peut pas lire sur le papier : la conformité à la lettre, c'est-à-dire au texte, que l’acteur suit, doit donc montrer et expliciter sans faire appel aux mots; au dire. Avec cette didascalie, Ionesco expose que le professeur a un masque de timidité que l’acteur doit ôter pour ainsi dévoiler les pulsions qui l’animent. Lors du second mouvement, qui commence avec une intervention de la bonne et avant la leçon d’arithmétique, on se rend compte que la timidité du professeur, petit à petit, commencera à se transformer en agressivité. De même, le dialogue, que le professeur entretient avec la bonne, justifie, esquisse déjà, l’opinion avantageuse, la valeur personnelle que le professeur a de soi-même ; son importance personnelle, due à son savoir. Selon cette analyse du professeur, on sait que son importance personnelle est aussi la source de sa timidité et de son agressivité : « La Bonne : Excusez-moi, monsieur, faites attention, je vous recommande le calme. Le Professeur : Vous êtes ridicule, Marie, voyons. Ne vous inquiétez pas. » ; plus loin on a : « Le professeur : Je n’admets pas vos insinuations. Je sais parfaitement comment me conduire. Je suis assez vieux pour cela ». Par la suite, la leçon d’adition continue et puis la soustraction pour aboutir à la philologie et au pire. Or la leçon de philologie, troisième mouvement de la pièce et dénouement total des états de conscience, met l’accent sur le savoir et le pouvoir qu’émane du langage. La violence et agressivité du professeur augmentent pendant que diminue la gaieté de l’élève. Il révèle donc sa vraie nature hystérique et devient le symbole de la bestialité ; alors l’assassinat de l’élève est l’apothéose du drame comique et le couteau invisible est un symbole de l’illusion et du drame comique puisque si le couteau aurait était visible pour le spectateur, l’humour et le comique discordant de la pièce auraient perdu son langage gestuel. Le finale de la pièce ramène le spectateur au point initial de l’action : il s’agit donc d’une pièce circulaire.

Si comme j’ai déjà montré, le langage gestuel en complicité avec l’acteur doit montrer c’est-à-dire traduire en explicitant, le metteur en scène doit, à son tour faire parler le décor expliqué par l’auteur.

En effet, le décor, chez Ionesco, parle . Dans les chaises, par exemple, les deux vieux apparaissent sur une scène aux « murs circulaires » et à plusieurs portes.

Il faudrait aussi rappeler qu’il y a une totale absence d’intrigue dans les pièces de ces nouveaux dramaturges.

Claudel et Jarry, por Joel Orlando

Paul Claudel (1868-1955) fut remarqué par son langage de haut degré, sublime, complexe, attaché au mysticisme et à la religion. Son œuvre nous ramène à l’ancien et le nouveau testament, au symbolisme et aux expériences de voyages qu’il a fait dans sa vie (il fut diplomate). Pour lui, la nature continue à être une correspondance, puisqu’il y a en elle des « figures et paraboles » qu’il faut trouver. Il dit que le vrai poète a le pouvoir et le devoir de prophétiser, il dit aussi que le symbole peut provoquer le désir d’aspiration de la terre vers le ciel. Alfred Jarry (1873-1907) est un enfant terrible, à l’encontre d’une autorité menacée par la destruction de ses propres valeurs. Ce pour cela que Jarry crée ses armes pour le combat, la satire, l’ironie et la violence. Jarry attaque le langage mais il ne le détruit pas, le mot « merdre » continue à signifier, cependant sa modification donne maintenant d’autres sens qui sont au-delà du propre langage. Or, dans ces deux auteurs, à première vue très différents, où le premier exprime le lyrisme dans le drame, et le deuxième construit des images grotesques. On peut trouver des influences communes dans ces pièces théâtrales, l’influence de la tragédie grecque et la tragédie Shakespearienne. Dans Ubu Roi (A. Jarry 1896) ou dans Le Soulier de Satin (P. Claudel 1924), les personnages ne sont pas complètement bons ou complètements méchants. Il existe une complexité comme celle de la tragédie classique. Les personnages sont victimes de la passion ou de la fureur. Cela provoque des actions graves, ayant à la fin des résultats qui marqueront le chemin du drame. Le père Ubu n’avait au début aucune intention de trahir le roi, cependant c’est l’épouse qui insistait tellement (dans un excès de cupidité) que le père Ubu tomba dans la tentation. Une fois au pouvoir, le père Ubu (non sans cesser d’être un lâche) déclenche ses désirs de destruction et violence anarchique. La mère Ubu le réclame et aussi l’alerte du danger, puisqu’elle désirait seulement le pouvoir, non la destruction du royaume. Doña Prouheze personnage de Le soulier de Satin, est une femme qui entre en conflit. Son désir pour Don Rodrigue (un homme qui n’est pas son époux) est égal à la soumission et sa foi pour la vierge. Au pied d’une statue de la vierge, elle dépose son soulier en disant : « Quand j’essaierai de m’élancer vers le mal que ce soit avec un pied boiteux ». Don Rodrigue, qui représentait l’exaltation de la passion, à la fin de la pièce, déjà éclopé, se dépouille de tout désir humain pour se vouer à Dieu. Donc, on est en présence de personnages qui éprouvent de transformations. Seulement à la fin nous pouvons donner un verdict à leurs actes. Jean Duvignaud dans Sociología del Teatro dit que le théâtre de la tragédie grecque était un acte cérémonial pour permettre l’apprentissage de la liberté individuelle. Le héros faisait allusion à sa liberté individuelle ou à sa frustration. C’est le libre arbitre face au destin marqué par les caprices des dieux. Aussi comme dans les deux drames de la première moitié du XX siècle, on ne sait pas si le père Ubu manifeste sa liberté anarchique, ou s’il est victime de sa violence incontrôlable et absurde. De même que Doña Prouheze et Don Rodrigue qui se déclarent emprisonnés par leur passion charnelle ou même spirituelle.

Le théâtre: aspects generaux

En france, à la fin du XIXème siècle, surgissent des comédies légères, peu concentrées, voire fades, ponctuées d’intrigues, de quiproquos et des situations grivoises provoquées par des relations amoureuses ou pécuniaires, souvent diverses et embrouillées. Leur thème est le traditionnel cocu. Voilà le théâtre de vaudeville dont les plus célèbres auteurs sont Eugène Labiche, Georges Feydeau, Eugène Scribe, Tristan Bernard et Georges Courteline, caricaturiste qui sait relever et exploiter le trait marquant et en faire le caractère déterminant d’un personnage. D’autres auteurs satiriques sont Octave Mirbeau et Alfred Jarry dont Ubu roi crée la surprice dans le domaine de la farce bouffonne.


Le vaudeville est en relation directe avec le théâtre de Boulevard, nom qui désigne les théâtres que fréquente la bourgeoisie parisienne passionnée par les performances des acteurs, aimant les intrigues fortes et simples qui se prévalent de la comédie de caractère. C’est un théâtre aux situations conventionnelles, altercations psychologiques et mots d’auteur . Leurs maîtres incontestés sont Henri Bernstein et Sacha Guitry, leur succéderont Édouard Bourdet, Marcel Pagnol et Marcel Achard.

Corrélativement il se déroule un théâtre qu’on pourrait tenter d’appeler lyrique ; « héritier du symbolisme, ce drame lyrique exprime la « tragédie de la vie », les profondeurs et les incertitudes de l'âme. Dégagé des contraintes d'une action centrale, il évoque souvent l'au-delà des apparences et les puissances occultes. Théâtre du trouble, de l'inquiétude, de l'angoisse, parfois du mysticisme, il se développe dans un temps et un espace « de convention » (Paul Claudel, L'Annonce faite à Marie, 1912) et privilégie la musicalité du langage, dans son souci de retourner aux sources du théâtre, à savoir à la poésie » . De même les théâtres orientaux son découverts au début du Xxè siècle. Dans Le théâtre et son double, Artaud, inspirée par le théâtre japonais et le rites chamaniques des Tarahumaras, veut renouveller le théâtre afin qu’il retrouve sa violence constitutive, sa cruauté. Artaud considère que le théâtre occidental doit laisser sa tradition psychologique, focalisée dans l’image égocentrique de l‘individu, et s’approcher de l’idée d’un théâtre qui provoquerait une réaction violente des sens, d’un théâtre, où la vie serait représentée dans toute sa création et sa cruauté. Tout au long de son manifeste, Artaud fait toujours une séparation de la définition habituelle du mot cruauté, et il remarque que le mot a été pris sous un terme surtout philosophique et métaphysique. Artaud parle d’une cruauté, non comme un acte sanguinaire ou nécessairement d’horreur, mais comme il le dit, de cette rigueur de la vie, et de cet appétit de vie, où le mal est inhérent

Par ailleurs, parlons un peu du principal dramaturge de la géneration de l’entre deux-guerres, un auteur important dont l’oeuvre Siegfried (1928) est un pièce liminaire qui marque sa conversion du roman au théâtre. Jean Giraudoux c’est un auteur inspiré par les légendes et les mythes, qu’ils soient germaniques, bibliques ou antiques ; ses personages, sous sa plume, adquièrent une « chair résolument moderne marquée des blessures d’une génération qui court aveuglément d’une guerre à l’autre » . Des oeuvres comme La Guerre de Troie n’aura pas lieu, se caractérisent par un renouveau de la tragédie classique grecque ; les personnages sont donc illustres et le dénouement est souvent tragique.

D’autres dramaturges appartennant à cette moitié de siècle sont Sartre et Bernanos. Le premier écrivit un théâtre existencialiste et le second, un théâtre catholique.

Si l’on parle du théâtre au XXe siècle on doit forcement parler du théâtre d’avant garde, le nouveau théâtre, chez Beckett et Ionesco étiqueté comme absurde. Théâtre d’auteurs qui renouvelleront en quelques années l’art dramatique en rédefinissant la forme et la fonction. Ionesco, Beckett, Jacques Audiberti, Arthur Adamov, Georges Schéhadé, Jean Genet. Leurs successeurs immédiats sont Fernando Arrabal, Kateb Yacine, Aimé Césaire, René de Obaldia, Roland Dubillard. Tous se distinguent de la géneration antérieure (Giraudoux, Anouilh, Armand Salacrou) et des existencialistes (Camus, Sartre) par leur goût de la subversion, par leur esprit contestataire. C’est un théâtre qui élabore un nouveau langage. « De Ionesco á Arrabal c’est le même refus de la langue traditionnelles de la scène, trop pompeuse chez les classiques, trop triviales chez les contemporains » . Le théâtre de Ionesco et Beckett refuse de faire passer un message qui puisse être reçu ou compris par l’entendement. Les répétitions du langage, les énumérations, les calembours, les cacophonies ou les jeux de sonorités contribuent à produire, chez le lecteur et le spectateur, un mépris qui incite à rire et à se moquer des personnages clochards comme Vladimir et Estragon, des automates vides comme les Smith ou des vieux gâteux comme les personnages des Les Chaises. C’est nouveau théâtre réfute la psychologie. « Il montre des êtres ébahis d’exister, envahis de néant, déconcertants et déconcertés » . Il propose aussi le ton de la révolte et de la dérision, il porte un acte d’accusation contre la société bourgeoise et abonde en symboles.

jueves, 17 de diciembre de 2009

La Négritude

Dès 1921 le Guyanais René Maran lance un cri comme un tonnerre avec Batoula, roman qui dénonce les illusions civilisatrices de la colonisation et s’insurge, surtout, contre l’idée que la colonisation entraîne nécessairement un progrès dans l’ordre de la civilisation, dénonciation qui fit scandale. Couronée par le Goncourt, ce roman causera des sanctions administratives contre son auteur. Voilà un premier cris, mais à Paris jaillisent plusieurs cris d’étudiants noirs comme Aimé Césaire, Léopold Sedar Senghor, Léon Damas et Ousmane Socé qui fondent le journal L’Étudiant noir, en 1932 ; on entend leurs cris de bataille, leurs cris contre la colonisation, les cris d’une négritude qui voit le jour...


Examinons d’abord le Discours sur le colonialisme, afin de donner une base pour formuler la question de la négritude, ensuite j’analyserai des poèmes des auteurs de la négritude et j’expliquerai qui sont les contempteurs et qu’est-ce qu’ils disent à propos.

Avec son Discours sur le colonialisme, Aimé Césaire montre qu’il y a incompatibilité totale entre civilisation et colonisation. Césaire déclare que rien de bon ne peut sortir du colonialisme, puisque la colonisation n’est pas ce qu’elle pretend être :

« ni évangélisation, ni entreprise philantropique, ni volonter de reculer les frontières de l’ignorance, de la maladie, de la tyrannie, ni élargissement de Dieu, ni extensiuon du Droit ».

Au contraire, la civilisation est ce qu’elle refuse d’être, la satisfaction d’înterets cupides, la satisfaction d’âmes mercenaires avides de posseder. Or, le colonialisme, explique Césaire, est la stratégie des civilisations pour satisfaire ses cupidités ; mais si bien les conquistadores ne cachaient pas leurs bas desseins, à l’époque des empires récents le colonialisme est accompagné d’hypocrisie. Pour mieux étayer ses arguments, Césaire convoque l’histoire : Cortez à Mexico, Pizarro devant Cuzco. On lit par la suite que le pédantisme chrétien posa les équations malhonnêtes : christiannisme = civilisation ; paganisme = sauvegerie. On connait alors les « abominables conséquences colonialistes et racistes, dont les victimes, explique Césaire, devaient être les Indiens, les Jaunes, les Noires ».

Par ailleurs, on lit que mettre en contact des civilisations différentes peut être une bonne chose. L’Europe en offre un exemple, c’est un carrefour, lieu « géometrique de toutes les idées, le réceptacle de toutes les philosophies ». Néanmoins dans un entretient avec Françoise Vergès, Césaire analyse le colonialisme comme une « maladie d’Europe ». Il rappelle que l’ Europe s’est persuadée qu’elle aportait un bienfait aux Africains, mais la civilisation européenne n’avait pas appris à dominer son désir de conquérir et d’assujettir. Cesaire compare le nazisme avec le colonialisme, il affirme que l’ Europe, avant d’être la victime du nazisme, elle en a été le complice. Ce sont des thèses très controversées, mais qui peuvent être soutenues du fait que le colonialisme est comparé au nazisme comme la barbarie suprême. Or, d’après cette comparaison on peut interpreter que le colonialisme est un nazisme appliqué aux peuples non européens. Par la suite, dans ce discours, Césaire conclue que la colonisation n’a pas engendré aucune valeur humaine, puisque « le racisme et le colonialisme avaient tendu a transformer le nêgre en chose ». Cette dernière idée on peut la lire dans un autre discours de Césaire prononcé lors du Premier Festival Mondial des Arts Nègres qui se tint à Dakar du 30 mars au 7 avril 1966. Aimé Césaire répondit au discours d’ouverture prononcé par André Malraux lors du colloque sur « l’art dans la vie du peuple ». Dans le discours prononcé par Césaire on entend le mots suivants : « Sauver l’art, c’est en définitive sauver l’homme moderne en repersonnalisant l’homme et en revitalisant la nature ». À partir de ce disocurs j’expliquerai pourquoi s’est formé le mouvement de la Négritude et quel est sa postulation.

Césaire explique que le racisme c’est la non-communication et la chosification de l’autre. Le nègre ou le juif ont été une caricature à valeur absolu. Tout en devenanat visible, la litterature et la poesie de la négritude accéda à l’existence pour « deranger l’image que l’homme blanc se faisait de l’homme noir ». C’est clair que la négritude, pour Césaire, a contribué à l’edification d’un véritable humanisme qui doit être universel et doit établir des dialogues. Or, il ne se peut pas établir un dialogue entre un homme et une caricature. Un des mérites de la litterature de la négritude c’est donc d’avoir établi un dialogue entre l’homme blanc et l’homme noir. On verrra néanmoins que cette litterature en a été non seulement une litterature de combat : « une machine de guerre contre le racisme et le colonialisme », mais aussi, une postulation de la fraternité.

Dès 1937, deux ans avant le Cahier du retour au pays natal, Damas dénonce dans Pigments le principes de l’assimilation et les effets de l’acculturation. C’est un florilège où l’on peut lire le poème Solde dont le titre donne le ton du discours : une solde c’est une marchandise vendue au rabais, à vil prix. Voilà le poème :



Pour Aimé Césaire



J'ai l'impression d'être ridicule

dans leurs souliers

dans leurs smoking

dans leur plastron

dans leur faux-col

dans leur monocle

dans leur melon



J'ai l'impression d'être ridicule

avec mes orteils qui ne sont pas faits

pour transpirer du matin jusqu'au soir qui déshabille

avec l'emmaillotage qui m'affaiblit les membres

et enlève à mon corps sa beauté de cache-sexe



J'ai l'impression d'être ridicule

avec mon cou en cheminée d'usine

avec ces maux de tête qui cessent

chaque fois que je salue quelqu'un



J'ai l'impression d'être ridicule

dans leurs salons

dans leurs manières

dans leurs courbettes

dans leur multiple besoin de singeries



J'ai l'impression d'être ridicule

avec tout ce qu'ils racontent

jusqu'à ce qu'ils vous servent l'après-midi

un peu d'eau chaude

et des gâteaux enrhumés



J'ai l'impression d'être ridicule

avec les théories qu'ils assaisonnent

au goût de leurs besoins

de leurs passions

de leurs instincts ouverts la nuit

en forme de paillasson



J'ai l'impression d'être ridicule

parmi eux complice

parmi eux souteneur

parmi eux égorgeur

les mains effroyablement rouges

du sang de leur ci-vi-li-sa-tion



(Léon-Gontran Damas, Pigments. Névralgies, 1972, éd. Présence Africaine



Pensons le mot ton dans un sens littéraire, c’est à dire une manière de parler et de se comporter en societé ; une manière d’être quant aux convenances. Et les convenances signifie le fait de se conformer aux usages d’une civilisation qu’impose. C’est ce que Damas dénonce. On sait que dès sa petite enfance, la mère de Damas voulut effacer en lui toute trace de sang nègre, elle voulut qu’il se comporta de manière à être en accord avec l’administration coloniale. Damas nous fait connaître son assujettissement à une civilisation. Examinons donc un peu la structure du poème.

Toutes les strophes du poème commençent avec « j’ai l’impression d’être ridicule ». L’anaphore donne plus d’intensité à l’expression du ridicule, voire au sentiment du ridicule. C’est aussi une mnémotechnique. Dans les trois premières strophes le sens est clair : le poète se sent ridicule avec les vêtements européens, il les refuse, il se sent insignifiant, denué de bon sens, deraciné. Par la suite on lit que le poète se sent ridicule dans le salons, endroits precieux où il ne faut surtout pas être ridicule, puisqu’il y a aux salons une bienséance, une manière d’être, « un multiple besoin de singeries » dit notre poète sur un ton aigrelet et persiflant. Après les salons apparaissent les conventions sociales occidentales. Le poète est gênè par les révérences qui sont du servilisme. La révérence signifie s’humillier et surtout offrir l’humilliation propre, c’est une ordonnance et non un dessein de gratitude, c’est plutôt un chatiment.

Mais le poète sait aussi ironiser et il décoche des brocards en disant « eau chaude », une métaphore absente pour parler du thé et « gâteaux enrhumés ». Il dénonce en faisant des allégories ingénieuses, il parle d’une cuisine intellectuelle. Aux salons on parle et on ajoute de l’agrément, du piquant aux discours. On veut que l’autre assimile, qu’il nie son autonomie, c’est à dire, qu’il nie sa « specifité, ses formes institutionnelles, son propre idéal »

« J'ai l'impression d'être ridicule

parmi eux complice

parmi eux souteneur

parmi eux égorgeur

les mains effroyablement rouges

du sang de leur ci-vi-li-sa-tion »

Les derniers vers du poème montrent une gradation. D’abord, le poéte, il est complice, il favorise donc l’accomplissement du colonialisme; ensuite on lit souteneur, c’est dire partisan, défenseur ; après on lit égorgeur. Le poète se rend compte qu’accepter l’assimilisation c’est devenir meurtre, criminel, assassin.

Durant le colloque sur la Négritude du 12 au 18 avril 1971, à Dakar, Léopold-Sédar Senghor ouvrit en faisant un discours sur la « problématique de la négritude ». Ìl écrit que chaque génération doit dépasser la Négritude de ses dévanciers. Mais il doit le faire en approfondissant et en enrichissant sans renier. Dans son discours, Senghor fait apparaître Tchicaya U Tam, un poète qui répond à la question qu’est-ce que la Négritude ? en disant : « La Négritude est une affaire de géneration et d’école aussi ». Ce poète ne renie pas la Négritude, il veut y apporter sa contribution, librement. Par la suite on lit qu’il n’ya pas opposition entre la Négritude et l « ’Africain Personality ». Le débat n’est pas entre négritude et tigritude, mais est entre les hommes de culture et les hommes de politique, comme l’a prouvé le Festival panafricain d’Alger. Ce discours peut nous faire penser a plusieuirs questions. D’abord, quel est le devoir de chaque géneration d’écrivains ? Dépasser sans renier, on peut répondre. Ce qui nous laisse penser que la négritude est un affaire de génerations et surtout un mouvement homogénéisateur pour l’âme noire. On pose alors une autre question : comment se pose la problématique de la Négritude après leurs esthètes initiateurs ?.

Pour répondre il faut collationner les textes comme celui du congolais Jean Baptiste Tati-Loutard et celui de Stanislas Adotevi. Le premier, dans une postface à ses « Poèmes de la mer » étudie « la poésie nègre et le Retour aux sources » ; il affirme de même que le monde noir apparaît beaucoup moins homogène que le veulent certains théoriciens de la Négritude.

Le texte à étudier s’articule autour de trois idées principales. Il nous explique d’abord que raison et émotion existent chez tout homme. Pourquoi alors penser que l’homme noir réclame une émotion toute particulière ? , une émotion qui fera de lui un mystique et non un homme comme les autres. Par ailleurs, il contredit Senghor lorsqu’il explique que l’âme noir appartient aussi à d’autres civilisations et la « recherche d’une âme noire immuable es une recherche perdue ».Une autre idée dans ce texte nous dit que l’ensemble de caractères innés chez une personne, chez un écrivain complexe psychophysiologique qui détermine ses comportements échappent aux donnés de l’hérédité raciale et aux conditions historiques et sociales. Il ne faut surttout pas étudier son oeuvre à travers le prisme d’une synthèse au troisième ou au quatrième degré. « C’est là, explique notre auteur, l’inanité de la critique littéraire de Senghor selon le concept de la Négritude ». Finalement, Tati-Loutard conclue que chaque peuple met l’accent sur un aspect particulier de la nature humaine par le quel il appréhende le monde. « Mais il n’y a là rien d’immuable ; il n’ya rien de définitif avec les hommes »

Dans une oeuvre titulée négritude et négrologues, Stanislas Adotevi étudie dans le premier chapitre la naissance du mythe de la négritude. Comme il s’interesse à la nature du nègre, il examine le texte célèbre de Senghor : « Le nègre est l’homme de la nature » où se trouve la phrase : « La raison blanche est analytique par utilisation ; la raison nègre intuitive par participation ». Sur un ton ironique, Adotevi veut contreacarrer la théorie de la négritude il expose que la négritude affirme de manière abstraite une fraternité abstraite des nègres. Il dit que cette thèse fixiste procède de la fantaisie.Adotevi critique la théorie de la négritude surtout parce qu’elle est homogénéisatrice pour tous les nègres ; cette théorie fait du nègre une espèce particulière étrangère à toute détermination, extérieure à toute histoire. Elle explique aussi que le nègre est d’une essence rigide que ne peuvent atteindre ni le temps ni le lieu. Or ces postulats sont démentis par la realité : les problèmes des Noirs changent avec les nations auxquelles ils appartiennent.

Ce mouvement d’intellectuels nègres acceda a l’existence pour déranger l’image que l’homme blanc avait de l’homme noir, ce fut une litterature de bataille et de combat, litterature contestataire et révolutionnaire. Les auteurs de la Négritude poussaient des cris pour faire face à l’autorité coloniale, pour avoir un statut d’homme. Les contempteurs de ce mouvement critiquent les thèses qui soutiennent une fraternité des nègres, les thèses qui font l’âme noire immuable ; mais si l’on lit bien Césaire, on se rend compte que la fraternité est une postulation de la négritude, mais la fraternité de tous les hommes. La Négritude était un mouvement certes de bataille, mais avec un objectif humaniste. Avec ses thèses pleine de confiance sur elles mêmes, mais détachées du cri contestataire de l’opprimé, je ne crois pas que les critiques puissent troubler ce mouvement illustre.

L'Esprit Nouveau en poésie

Dans l’Esprit Nouveau et les poètes, Guillaume Apollinaire explique ce qu’est l’esprit nouveau. En vue de donner une représentation simplifiée et fonctionnelle du texte, j’analyserai ses propositions et j’examinerai un poème.


Si l’esprit nouveau, qui rayonne plus intensement en France, « hérite des classiques un solide bon sens, un esprit critique assuré des vues d’ensemble sur l’univers et dans l’âme humaine, et le sens du devoir qui dépouille les sentiments et en limite ou plutôt en contient les manifestations » ; il hérite aussi des romantiques un désir de connaître « tous les domaines propres à fournir une matière littéraire pour exalter la vie ». Cette tendance, consciente d’elle même, veut explorer la verité et la chercher dans l’imagination et dans d’autres domaines. C’est une nouvelle manière de faire et de penser l’art ; impulsion contestataire et impopulaire. L’art d’avant-garde et l’esprit nouveau s’inclinent vers la déshumanisation.

L’esprit nouveau se manifeste dans la poésie d’avant garde. Elle divulgue surtout des nouvelles versifications, des nouvelles formes qui refutent la versification rimée comme loi unique. La typographie révolutionnaire fait naître un lyrisme visuel. Examinons un peu le poème Zone, qui apparaît comme l’overture du recueil Alcools, écrit par Guillaume Apollinaire, en 1913.

Il s’agit d’un poème qui nous choc parce que certains vers sont détachés, d'autres regroupés en strophes ; il n'y a pas réellement de régularité ; il n’ya pas non plus de ponctuation. Ce sont des vers libres ou libre de vers (pas de mètres réguliers), qui riment à peine : ils sont assonancés comme christianisme avec dix (X). Le poème n'est pas complètement déroutant, mais apparaît quelquefois bizarre. Apollinaire fait des recherches formelles pour trouver un nouveau lyrisme visuel. Mais cette structure vise avant tout l’élimination des ingrédients humains trop humains. Elle projette et construit une vision dans laquelle on peut être témoin de tout et, à la fois, tout est discontinu et fragmenté ; c’est l’éloge du monde moderne opposé a l’antiquité. « À la fin tu es las de ce monde ancien ». Voilà le premier vers. Deux mondes qui se nient : la religion ancienne et le monde moderne des automobiles et des avions. Le poète se familiarise avec les machines qui l’aident à explorer l’infiniment petit et l’infiniment grand. Des nouveaux domaines s’ouvrent à l’imagination prophétique. L’innovation du poème se trouve dans l’écriture ; il ya des mots qui reflètent la modernité, l’industrie consolidée, le monde des machines et son engrenage. Apollinaire écrit sur les nouveautés : « Des troupeaux d'autobus mugissants près de toi roulent », métaphore qui nous invite à ouïr les cris sourds et prolongés des autobus. Mais si bien la forme et l’écriture est nouvelle les thèmes ne le sont pas, l’amour, plutôt l’angoisse de l’amour c’est un leitmotiv comme la tour Eiffel un symbole de la modernité.

L’esprit nouveau est donc une tendance vers la deshumanisation ; l’instrument par excellence d’une déshumanisation de l'art est la métaphore parce qu’elle investit la réalité d’un élément esthétique qui nous rappelle la vie et le dégoût humain. L’art d’avant garde c’est l’algèbre superieure des métaphores, explique Ortega y Gasset

Que versa sobre la Primera Guerra, l'entre deux guerres y la Segunda Guerra mundial

Durant la première moitié du siècle, on peut commencer à étudier les séquences historiques à partir du temps des empires, période qui va de 1880 à 1914. C’est une période qui s’ouvre sur une dépression mondiale et se clôt sur la Grande Guerre. Durant cette époque on connaît la mondialisation de la seconde révolution industrielle et l’Europe profite de ses nombreuses colonies. On voit aussi la naissance d’une Belle époque, années qui laissent croire à l’Europe qu’elle est arrivée a une superbe maturité. Mais les séquences historiques plus importantes sont, sans doute, la Grande Guerre et la Seconde Guerre. On mentionnera seulement un peu la révolution russe, mais on étudiera la Grande Guerre, la période d’entre deux guerres pour finir avec la Seconde Guerre.




La Grande Guerre, qui eut lieu de 1914 à 1918, donne naissance au XXème siècle. Ce fut une guerre totale qui transforma le cadre de vie des hommes, militaires et civils, dans tous les domaines : idéologique, économique, social. Déliberons un peu sur cette guerre, parlons sur les causes et les origines ; sur les fronts de bataille, de l’entrée en guerre des américains et sur la signature des armistices.

Les origines sont essentiellement politiques, unis à l’exacerbation des nationalismes en Europe depuis le XIXème siècle. La france, par exemple, veut regagner « l’Alsace-Lorraine perdue en 1871 au profit du jeune Empire allemand » . Les peuples balkaniques qui s’emancipent de l’Empire ottoman ne parviennent pas facilement à leur independence à la suite des guerres balkaniques (1912-1913), car l’Empire austro-hongrois et l’Empire russe chechent à étendre leur zone d’influence sur les peuples slaves. Face à l’émergence de la puissance économique allemande, le Royaume-Uni manifeste, parallélement, des inquiétudes. De même, les tensions multiples entre les impérialismes européens ont poussé les puissances européennes à une course aux armements, la France et l’Angleterre, par exemple, à Fachoda (Soudan) en 1898 ; ou bien la France et l’Allemagne à Agadir, au Maroc, en 1911.

Un autre événement qui ne semble pas d’importance capitale, mais qui va servir de détonateur, c’est l’assassinant à Sarajevo, le 28 juin 1914, du prince héritier de l’Empire austro-hongrois, François-Ferdinand (1863-1914). Cet événement déclenchera un enchaînement d’oppositions diplomatiques.

On arrive au 28 juillet 1914, l’Autriche-Hongrie déclare la guerre à la Serbie. Les differents Etats, à fin de se protéger des visées nationales voisines, avaient contracté des unions, des alliances comme la Triplice (Allemagne, Autriche-Hongrie, Italie) opposant la Triple Entente (France, Russie, Royaume-Uni). La mobilisation des troupes début août annonce l’entrée en guerre de tous les partenaires, à l’exception de l’Italie qui reste neutre jusqu’en 1915. « La Roumanie, les Etats-Unis et l’Italie rallieront plus tard le camp de l’Entente, l’Empire ottoman et la Bulgarie celui des empires centraux » .

Sur le front occidental les troupes allemandes envahissent la Belqique et el nord de la France, elles seront arrêtées lors de la bataille de la Marne en septembre 1914. « Puis les armées cherchent mutuellement à se déborder par l’ouest lors d’une course à la mer, jusqu’àce qu’un premier front se place de la mer du Nord à la frontière suisse, mettant fin à la guerre de mouvement » .

En octobre 1915, les Alliés essaient dans les Balkans une « stratégie de contournement en franchissant le détroit des Dardanelles, contrôlé par l’Empire ottoman ; elle se solde également par un échec ».

En Extrême-Orient le Japon se rallie à l’Entente, en août 1914, les États-Unis en avril 1917. Cette dernière date marque un tournant dans le conflit.

De 1915 à 1916 la domination des empires centraux sur tous les fronts est incontestable, mais les intérêts commerciaux des Américains sont touchés par la guerre sous-marine menée par l’Allemagne. On sait que les allemands ripostent au blocus maritime de 1915 commandé par les Alliès qui comptent sur leurs réserves d’hommes et de matières premières issues de leurs ressources coloniales.

C’est en avril 1917 que le président des États-Unis, Thomas Woodrow Wilson, propose aux Alliées une association qui entraîne la participation armée du pays. Le combat prend une dimension mondiale : les troupes américaines arriveront massivement sur le front ouest en juillet 1918. L’État-Major allemand, conscient du danger, souhaite concentrer ses forces sur le front occidental, en terminant la guerre à l’est. La Russie est justement en effervescence depuis février 1917 et les idées pacifistes gagnent du terrain. Les révolutionnaires bolcheviks, Lénine à leur tête, ont pris le pouvoir le 7 novembre 1917 (25 octobre selon le calendrier russe). Ils signent avec l’Allemagne la paix de Brest-Litovsk en mars 1918.

La presion sur le front russe éteinte, l’armée allemande revient aux hostilités à l’ouest. Les Alliés unis néanmoins sous le commandement du géneral Ferdinand Foch (1851-1929), « contiennent les attaques et reprennent les offensives en juillet 1918, galvanisés par l’utilisation des blindés » . Les alliés de l’Allemagne l’abandonnent peu à peu, les anglais battent l’Empire ottoman en septembre-octobre 1918 au Proche-Orient. « Les Bulgares ne peuvent résister aux assauts des armées française et serbe en septembre 1918. Alors qu’à l’intérieur du pays, les différentes nationalités ont proclamé leur indépendance, l’Autriche-Hongrie est écrasée sur le front sud par les Italiens lors de la victoire de Vittorio-Veneto (octobre 1918). L’Allemagne demande l’armistice, signé le 11 novembre à Rethondes, en se référant aux propositions de paix américaines, les Quatorze Points »

Après la Grande Guerre une nouvelle période commence. L’entre deux guerres va de 1919 à 1939. C’est une époque pendant la quelle la civilisation se fonde sur une culture de guerre et d’après guerre.

On signe le dernier des armistices, entre la France et l’Allemagne, le 11 novembre 1918 à Rethondes.

Thomas Woodrow Wilson, président des Etats unis est l’inspirateur des nouveaux principes comme le droit des peuples à disposer d’eux mêmes, et le principe des nationalités ; David Lloyd George, Premier ministre britannique ; Georges Clemenceau, président du Conseil français ; Vittorio Emanuele Orlando, Premier ministre italien. Ces quatre acteurs font connaître des intérêts divergents. « D’une part l’Italie veut l’application des accords passés avec les Alliés lors de son entrée en guerre (1915). Le Royaume-Uni et les États-Unis désirent maintenir un équilibre entre les puissances européennes. La France, lourdement touchée économiquement et moralement, exige des compensations réparatrices »

Plusieurs traités sont signés. À Versailles le 28 juin 1919, à Saint-Germain le 10 septembre 1919, à Neuilly le 27 novembre 1919, à Trianon le 4 juin 1920, à Sèvres le 10 août 1920. La France regagne l’Alsace-Lorraine. L’Allemagne, considerée comme responsable du conflit perd les territoires de son empire colonial, confiées en mandats à la France et au Roayaume-Uni. La disparition de la monarchie austro-hongroise laisse place à l’apparition de deus petits Etats indépendants, l’Autriche et l’Hongrie. « L’Empire ottoman en pleine révolution, engendre, sous la direction de Mustafa Kemal une République turque ayant perdu tous ses territoires arabes du Proche-Orient. En effet, en 1916, la Grande-Bretagne et la France s’étaient mis d’accord sur le devenir de ceux-ci (accords Sykes-Picot). Ils passent sous mandats confiés à la France (la Syrie et le Liban) et au Royaume-Uni (l’Irak, la Transjordanie et la Palestine). La Grande-Bretagne reconnaît l’indépendance des territoires sous contrôle d’Abdel-Aziz Ibn Saoud (l’Arabie saoudite émergera comme État souverain à partir de 1932). La Roumanie, la Grèce, la Serbie - devenue Royaume des Serbes, des Croates et des Slovènes (première Yougoslavie) -, la France et l’Italie élargissent leurs territoires » .

La France se considère comme seule propiétaire de l’ordre continental et veut jouer un rôle dirigeant. Par ailleurs, en Allemagne, les difficultés économiques ne permettent plus à la république de Weimar de faire face à ses obligations, d’autant qu’elle laisse s’installer la hausse des prix continue et généralisée qui entraîne une érosion monétaire, la baisse du pouvoir d'achat. De cette façon l’Allemagne prétend réduire le montant de ses dettes. Raymond Poincaré (1860-1934), à la tête du gouvernement français, soutien une rigoureuse application du traité de Versailles et décide d’occuper la Ruhr en janvier 1923, provoquant une défense passive allemande. « L’arrivée au pouvoir de gouvernements nouveaux, les travaillistes au Royaume-Uni, le « cartel des gauches » (1924) en France, permet une détente diplomatique, concomitante d’un retour à la prospérité » .

En 1922, la Russie devient Union soviétique et revient sur la scène internationale, reconnue par les grandes puissances européennes. Aristide Briand en France ; Gustav Stresemann en Allemagne ; Nevil Chamberlain au Royaume-Uni, recherchent la conciliation. Le plan Dawes en 1924 limite et propose des versements échelonnés des réparations allemandes. L’Allemagne reconnaît ses frontières occidentales lors de la conférence de Locarno, en 1925 ; l’année suivante elle aura un siège permanent à la SDN ( société des nations), sous la recommandation française. En 1928, sous l’impulsion de la France et des États-Unis, la plupart des pays signent une renonciation officielle à la guerre : le pacte Briand-Kellog. Toute tension entre États semble pouvoir être réglée pacifiquement sous l’égide de la SDN.

Les relations internationales se relâchent, après une période de stricte application des traités et une phase de prospérité 1924-1929. On parle d’« esprit de Genève ». Tous les pays industriels connaissent alors une croissance économique fondée sur de nouvelles productions liées à la seconde révolution industrielle (automobile) et sur de nouvelles organisations du travail expérimentées dès le début du siècle aux États-Unis dans les usines Ford (organisation qualifiée de « fordisme »). L'industrie cinématographique profite quant à elle des innovations (elle passe du muet au parlant dans les années 1930) et sera mise au service de futures propagandes.

Néanmoins, en octobre 1929, un krach boursier aux Etats-Unis, mal administré par Wall Street, provoque une crise économique. Les États-Unis se replient sur eux-mêmes. Des nombreux pays subissent les conséquences de la dépression américaine. « La conférence de Lausanne en 1932, sur proposition du président américain Herbert C. Hoover (1929-1933), impose une solution définitive aux réparations après un dernier paiement allemand. On constate alors que l’Allemagne a reçu plus d’aides des États-Unis qu’elle n’a payé de réparations, les Anglo-Saxons voulant préserver un équilibre européen en limitant la puissance française. Les difficultés économiques à l’intérieur de chaque pays, la fermeture de leurs frontières, et, assez rapidement, les politiques déflationnistes témoignent de l’absence de solidarité et mettent fin à l’« esprit de Genève ». Les politiques économiques se teintent de nationalisme. Les pays industriels autoritaires tels que l’Allemagne, l’Italie ou le Japon se tournent vers l’industrie d’armement, pratiquent l’autarcie et montrent rapidement leur agressivité dans la recherche d’un espace vital » .

Par ailleurs, les États interviennent dans l’économie des pays démocratiques comme aux États-Unis, où le président Franklin D. Roosevelt met en place la politique du New Deal. La France suit les mêmes principes (prolongation de la ligne Maginot - vaste dispositif d’ouvrages et de fortifications militaires dans l’est du pays) et expérimente le Front populaire, rassemblant toutes les forces de gauche.



Pour continuer l’explication des differentes périodes historiques on doit parler de la Seconde Guerre mondiale, qui eut lieu de 1939 à 1945, et dont les origines sont liés à la situation politique, économique et territoriale héritée de la Grande Guerre et de la crise de 1929.

L’Europe hésite entre la paix, quel qu’en soit le prix, et l’expansion, au besoin territoriale. Durant les années 1930 deux camps se constituent: d’une parte les démocraties qui offrent une réponse économique à la crise, et d’autre part les États totalitaires qui cherchent dans la conquête territoriale la solution à tous les maux. Dans un cas comme dans l’autre, on développe les industries d’armement. « Staline commence la planification et la collectivisation, assurant à l’État un rôle dominant dans la transformation de la société » .

Dès le début des années 1930, le nationalisme, idéologie traditionnelle des partis extrémistes, s’exprime dans la politique des dictatures européennes.

« Pour les nazis, parvenus au pouvoir en 1933 en Allemagne, la communauté germanique doit pouvoir trouver en Europe l’« espace vital » (Lebensraum) nécessaire à son développement et à la mesure de sa prétendue supériorité raciale. Il en va de même au Japon, qui se trouve en plein « boom » démographique et se cherche une position dominante en Asie » .



Des politiques d'expansionnisme et d'agression.

L’espansionnisme allemand, soit le pangermanisme et l’expansionnisme japonais, soit le panasiatisme, pousse ces deux pays à l’agression. La guerre commence dès le début des années 1930 en Extrême-Orient, provoquée par l’impérialisme japonias. « En septembre 1931, la Mandchourie est militairement occupée, en dépit des protestations stériles de la SDN (Société des Nations). Le nord de la Chine, conquis par le Japon en juillet 1937, est le théâtre de multiples massacres, témoin le sac de Nankin, qui visent à terroriser la résistance chinoise » .

En Europe, Hitler s’allié à l’Italie fasciste de Mussolini depuis 1936 (Axe Rome-Berlin) et le 13 mars 1938 (Anschluss) il annexe l’Autriche de même que la région des Sudètes. « Avec l’invasion de la Pologne, le 1er septembre 1939, programmée depuis la signature du Pacte germano-soviétique, la France comme le Royaume-Uni ne peuvent désormais plus reculer devant Hitler » .

Les démocraties laissent l’initiative à la Wehrmacht (armée allemande). L’Europe de l’Ouest se plonge dans la « drôle de guerre », la Pologne est démembrée par ses puissants voisins. Le 29 septembre 1939, elle se rend à l’ennemi par capitulation.

L’Armée rouge envahit la Finlande le 30 novembre 1939 (traité de paix le 12 mars 1940). En avril 1940 les troupes allemandes soucieuses de protéger la « route du fer » envahissent le Danemark et la Norvège.

« Pour l’invasion des Pays-Bas (capitulation le 15 mai), de la Belgique et de la France, la tactique de la Blitzkrieg (guerre éclair) permet aux Panzer Divisionen (divisions blindées) allemandes des percées fulgurantes, notamment à travers les Ardennes. En moins de dix jours, les armées alliées sont coupées en deux, encerclées dans la « poche de Dunkerque », où des milliers de soldats anglais et français sont faits prisonniers » .

L’Italie entre en guerre le 10 juin 1940, l’Angleterre subit d’incessantes attaques aériennes durant tout l’été de 1940, et, dès septembre des bombardements de nuit sur les villes (Blitz). Hitler abandonne tout espoir d’invasion en Angleterre, grâce à la décision de Churchill et l’opiniâtre résistance de l’armée aérienne anglaise

L’allemagne fait des favorables conquêtes en Europe occidentale, Mussolini, aux Balkans, annexe l’Albanie en avril 1939 et attaque la Grèce le 28 octobre 1940. « Les Allemands assurent eux aussi leurs positions en ralliant aux puissances de l’axe la Hongrie, la Roumanie et la Slovaquie les 20, 23 et 29 novembre 1940, puis la Bulgarie le 1er mars 1941. Devant l’incapacité de l’Italie de se maintenir en Grèce, l’Allemagne, à partir du 6 avril 1941, envahit la Yougoslavie avant de se rendre maîtresse de la Grèce » .

Les Alliés et l’Axe veulent contrôler la Méditerranée et les zones pétrolifères du Moyen-Orient : « Italiens et Britanniques s’affrontent en Égypte dès septembre 1940 ; l’Afrika Korps, commandé par Erwin Rommel (1891-1944) débarque en Libye et refoule les Britanniques en avril 1941. Ceux-ci sont maîtres de l’Irak, de la Syrie et du Liban à l’été 1941 et se sont assurés de la neutralité de la Turquie. Quant à l’Iran, seule voie praticable par laquelle le Royaume-Uni peut approvisionner l’URSS attaquée, il est envahi par les Alliés du fait de son entêtement à préserver des relations commerciales avec l’Allemagne » .



L'année 1941 ou la mondialisation du conflit.

Le 22 juin 1941, Hitler attaque l’URSS sur un front de 1 500 kilomètres. L’Ost Plan prévoit l’exploitation des territoires et des populations conquis.

Afin de garantir son hégémonie dans le Pacifique, le Japon négocie différentes alliances ; il signe le pacte tripartite avec l’Allemagne et l’Italie le 27 septembre 1940.

« En avril 1941, l’empire nippon signe pourtant un pacte de neutralité avec l’URSS et, fort de ses succès en Chine, rêve de supplanter les dominateurs blancs en Asie. Il se heurte aux États-Unis, neutres, mais bien décidés à empêcher l’expansion japonaise. Dès son arrivée au gouvernement, le très militariste Tojo fait prendre un tournant décisif au conflit : le 7 décembre 1941, la flotte américaine du Pacifique est détruite par l’aviation japonaise à Pearl Harbor, précipitant l’entrée en guerre américaine (l’Allemagne et l’Italie déclarent la guerre aux États-Unis le 11 décembre). La guerre éclair japonaise permet de conquérir tout le Sud-Est asiatique de décembre 1941 à mars 1942 : les Philippines, les Indes néerlandaises, Hong Kong, la Malaisie et Singapour sont inclus à la «sphère de coprosporité asiatique » .



Dominations et collaborations.

En Europe comme en Asie, les dictatures se font d’immenses empires. La guerre est totale.

Le Japon vainc le Occidentaux dans les colonies européennes, il s’érige comme libérateur, encourage les mouvements nationalistes et laisse espérer l’indépendance aux peuples de l’Est asiatique. Cette « japonisation », qui débute vers 1910 en Corée, plus tard à Formose (actuel Taïwan) et dans le Mandchoukuo, « prend les mêmes formes brutales dans les territoires de la sphère de coprospérité » .

On sait que les gouvernements et les parlements locaux sont contrôlés (Birmanie) ou militairement administrés. Le japonais est imposé comme langue officielle (Philippines, Indonésie, Malaisie), les droits civiques suspendus (Indonésie).

L’Allemagne impose différents statuts aux États conquis, qui dépendent de la hiérarchie raciale sous-tendue par l’idéologie nazie. Ainsi, certains sont annexés (protectorat de Bohême-Moravie, Alsace-Lorraine), d’autres font à la fois partie du Grand Reich et territoire administré, d’autres comme la Belgique et la Norvège restent indépendants mais sont sous l’administration directe des nazis. La France est coupée en deux par une ligne de limitation : au nord, les nazis, au sud, la zone libre gouvernée par le régime de Vichy.



Exploitation et pillage économiques.

Le IIIe Reich exploite économiquement l’Europe de l’Ouest pour assurer l’autarcie de l’Allemagne. Les nazis pillent les pays inférieurs et incitent les pays tolérés à produire davantage, qui seront ultérieurement annexés. L’Allemagne s’approprie d’un tribut comme indemnité d’occupation. Du fait que l’Allemagne impose le STO (Service du travail obligatoire), dès 1941 se deplaçent vers l’Allemagne sept millions de travailleurs venus de toute l’Europe : Norvège, Pays-Bas, France ou encore Grèce . Les Juifs sont grugés de leurs biens et déportés. Hitler projette même une mise en esclavage des populations polonaises..

En Asie, de manière générale, les ressources locales sont pillées ou détournées au profit du « libérateur ».



Systèmes de terreur.

Afin d’assujettir les pays occupés, un système de terreur est instauré par les nazis. Ce nouvel ordre veut briser les rénitances nationales et continuer dans toute l’Europe la politique raciale et concentrationnaire inaugurée dans l’Allemagne des années 1930. En Europe, pendant la guerre, la construction des camps de concentration nazis s’accélère ; le système s’étend aux territoires conquis. Avec le plan de Wannsee en janvier 1942, les nazis lancent leur programme eugéniste, et commencent l’extermination des Juifs d’Europe, c’est la destruction méthodique d’un groupe ethnique, soit le genocide. Après les ghettos et les groupes mobiles de tuerie (Einsatzgruppen) , les allemands créent les camps d’ extermination, où seront exterminés les trois cinquièmes des communautés juives d’Europe.



Résistances nationales.

Face aux abominables conséquences nazistes ou japonaises, occupation, exactions et crimes, on connâit plusierus résistances spontanées d’abord, fédérées ensuite. « Plusieurs chefs d’État ou de gouvernement organisent depuis la Grande-Bretagne des réseaux en vue de libérer leur territoire national : Belgique, Tchécoslovaquie, France, Grèce, Yougoslavie, Luxembourg, Pologne, Pays-Bas ou encore Norvège. La résistance italienne sera tardive, puisqu’elle coïncide avec la guerre et les sabotages menés par les Italiens contre les Allemands au moment de la république de Salò en 1944. Cependant, elle se réclame de la tradition antifasciste, beaucoup plus ancienne, et reste décisive au moment où les Alliés sont encore loin » .

Pour l’Allemagne la propagande se base sur l’idée de croisade antibolchevique et lutte contre le « complot juif » ;pour le Japon asservissement absolu à l’empereur japonais Hirohito pour l’autre. La propagande Alliée exploite le thème des valeurs démocratiques et de l’« union des nations » contre la barbarie.

« Comme l’avait démontré la Grande Guerre, la capacité à produire est déterminante. Les conférences alliées de Casablanca (Churchill-Roosevelt-de Gaulle, 14-24 janvier 1943) et de Téhéran (Churchill-Roosevelt-Staline, 28 novembre-1er décembre 1943) posent le principe d’une capitulation sans condition, imposant une guerre d’usure où la production en grandes séries et l’acheminement du matériel sont primordiaux. Sur ce terrain, l’industrie américaine se surpasse et constitue un atout incomparable pour les Alliés. L’effort de guerre allié a permis, à partir de 1942, d’inverser progressivement le cours du conflit » .

Grâce à une série de batailles aéronavales à la mer de Corail, Midway, Guadalcanal, dans le Pacifique, qui eurent lieu entre mai 1942 et février 1943, les Américains arrêtent l’avance des Japonais. En URSS, la 6e armée allemande capitule le 2 février 1943 (bataille de Stalingrad).

La contre-offensive soviétique est en marche et les premiers à entrer furent les Polonais. Les Allemands commencent la liquidation totale du ghetto de Varsovie, le 19 avril 1943.

La résistance la plus acharnée est venue de Yougoslavie où, depuis 1941, ils obstaculisent la progression des Allemands. À partir de 1941, Josip Broz Tito et ses Partisans, soutenu par Churchill, commencent la reconquête des territoires.



Nouveaux fronts et reconquêtes alliées.

« La victoire britannique d’El-Alamein en Égypte (juillet 1942), permet d’entrevoir la libération de l’Afrique du Nord, où des troupes américaines et britanniques débarquent le 8 novembre (Algérie et Maroc). La menace d’un débarquement allié depuis la Méditerranée pousse les autorités allemandes à envahir la Zone libre française (11 novembre). Le front sud de l’Europe est ouvert grâce au débarquement américain en Sicile (10 juillet 1943). Le roi Victor-Emmanuel III fait arrêter Mussolini et le remplace par le maréchal Badoglio (1871-1956). Le 3 septembre, ce dernier négocie en secret un accord d’armistice avec les Alliés malgré la pression des Allemands et des fascistes en Italie. Le 8 septembre, les Alliés débarquent dans la baie de Salerne et rendent public cet armistice » .

À la suite de la conférence de Téhéran, un nouveau front en Europe de l’Ouest s’ouvre Le débarquement américain eut lieu le 6 juin 1944 en Normandie. Grâce au débarquement en Provence (15 août) et l’avancée des Alliés à partir de la Normandie le territoire français sera presque entièrement libéré à la fin de l’année. Les Soviétiques poursuivent leur marche vers l’Allemagne et libèrent la Roumanie, la Finlande et la Bulgarie.

Sur le front asiatique,les Américains se rapprochent peu à peu du Japon (, la guerre du Pacifique), tandis que les Britanniques se battent en Birmanie. En octobre 1944, le général Douglas MacArthur reprend les Philippines. Le « Front uni patriotique » repousse, en Chine, les japonais.



Capitulation de l'Allemagne et du Japon.

Durant la Seconde Guerre on voit un developpement dans toute son extension des énergies : la mobilisation des hommes de 14 à 65 ans (Volkssturm), les armes secrètes en Allemagne, les kamikazes au Japon, les bombardements Alliés de villes allemandes pour terroriser les civils comme en février 1945 à Dresde. À Yalta, en février 1945, les Alliés décident de maintenir leur union jusqu’à la victoire totale. Une nouvelle conférence pour évoquer la question allemande, demandée par Churchill, qui manifeste des inquiétudes face à la présence soviétique en Europe, s’ouvre à Postdam le 17 juillet 1945, réunissant Staline, Truman et Attlee. Les Soviétiques atteignent Berlin le 25 avril ; la pince alliée se referme sur Berlin. Une semaine après, Mussolini est exécuté le 28 et Hitler se suicide le 30. L’allemagne capitule le 7 et 8 mai 1945.

Dans le Pacifique, le président Harry Truman décide d’utiliser la bombe atomique sur Hiroshima le 6 août et sur Nagasaki le 9. Le général MacArthur reçoit la capitulation japonaise le 2 septembre 1945.